Ces « milliards » qu’on reproche à Urbain Olanguena et les autres


Urbain Olanguena Awono et les autres personnes poursuivies dans le cadre du détournement des deniers publics alloués à la lutte contre le Sida, le Paludisme et la Tuberculose ont été renvoyés vendredi dernier devant le Tribunal de Grande instance de Yaoundé pour répondre solidairement d’un détournement de deniers publics estimé à 700 millions de FCFA par le juge d’instruction contre 15 milliards initialement allégués au début de la procédure.

Les résultats de l’information judiciaire ouverte dans le cadre de l’affaire « Ministère Public et Etat du Cameroun contre Olanguena Awono Urbain et autres » sont connus depuis vendredi 02 octobre dernier. Au cours d’une audience qu’il a présidée ce jour dans son cabinet, le juge d’instruction, David Donhou, a en effet tenu à recevoir un par un chacune des quatorze personnes mises en examen dans le cadre de l’affaire de détournement des fonds destinés à la lutte contre le Sida, le paludisme et la tuberculose au ministère de la Santé publique. Il les a informés un à un de l’issue de son information judiciaire et remis à chacune des personnes acquittées une copie de « l’ordonnance de non lieu partiel et de renvoi devant le tribunal de Grande instance du Mfoundi à Yaoundé » qu’il a signée un jour plus tôt, à savoir le 1er octobre 2009.

Il ressort de cette ordonnance que sept personnes (dont une en fuite, le nommé Soué Mbela Yves) sur les quatorze poursuivies dans le cadre de cette affaire sont traduites devant le tribunal de Grande instance du Mfoundi. C’est-à-dire que le juge d’instruction pense avoir décelé contre elles des preuves suffisantes qui justifient qu’elles soient présentées devant cette instance pour être jugées des faits qui leur sont rapprochés.

Il s’agit de Urbain Olanguena Awono, ancien ministre de la Santé Publique pendant la période auditée et à qui il est imputé des détournements de derniers publics d’un montant total de 414 millions de FCFA ; Maurice FEZEU, ancien secrétaire permanent du Comité national de lutte contre le Sida qui sera donc poursuivi pour 22, 2 millions de FCFA ; Raphael Okala, ancien secrétaire permanent du Comité national de lutte contre le paludisme accusé de détournement de 1,4 million de FCFA ; Hubert Wang, ancien secrétaire permanent du Comité national de lutte contre la tuberculose poursuivi pour 13 millions de FCFA ; Rose Chia, épouse Fon Chingong ancienne coordinatrice du Groupe technique provincial de lutte contre le Sida dans le Sud-Ouest accusée de détournement de 158 millions de FCFA; Timothée Onana Belibi, ancien comptable matières au cabinet du ministre de la Santé publique, et Yves Soue Mbela, prestataire de services au Comité national de lutte contre le paludisme actuellement en fuite qui a réussi à se faire payer 80 millions de FCFA sur un marché non exécuté.

Sept autres personnes poursuivies et en détention préventive depuis 2008 dans le cadre de la même affaire sont simplement remises en liberté et exemptes de toutes poursuites judiciaires faute de preuves suffisantes pouvant établir les allégations de détournements de deniers publics formulées contre elles (voir liste ci-contre).

En guise de rappel, l’affaire « Ministère Public et Etat du Cameroun contre Olanguena Awono Urbain et autres » a été déclenchée le 31 mars 2008 avec l’interpellation, par les éléments de la Direction de la Police Judiciaire, de plusieurs hauts responsables du ministère de la Santé publique et quelques uns de leurs collaborateurs à qui il était reproché d’avoir détourné solidairement la mirobolante somme de 14,8 milliards de FCFA dont plus de la moitié pour le seul ex-ministre de la Santé Publique, Urbain Olanguena Awono. 18 mois après l’ouverture de l’information judiciaire ouverte par le juge d’instruction, ponctuée de plusieurs contrôles a posteriori et un audit approfondi réalisé par un collège d’experts judicaires commis par le magistrat instructeur, seules sept personnes sur quatorze sont renvoyées devant le tribunal de Grande instance de Yaoundé pour répondre solidairement de détournement d’un montant total d’environ 680 millions de francs contre 15 milliards de FCFA annoncées sur grand ramdam médiatique au déclenchement de l’affaire.